Une logique de groupe sans logique de centralisation
Si la philosophie générale reste celle de l’autonomie opérationnelle, des mutualisations sont toutefois envisagées pour gagner en efficacité : fonctions administratives, système informatique, assurances, achats non stratégiques… À moyen terme, l’objectif est de structurer un petit groupe cohérent, capable d’évoluer de façon agile, tout en préservant la proximité des équipes et la réactivité des services.
Ce modèle d’organisation décentralisée est aussi dicté par la géographie : les trois sites sont distants d’une vingtaine de kilomètres, ce qui permet des échanges fluides sans bouleverser les équilibres domicile-travail. Une attention particulière est portée à la qualité de vie au travail, perçue comme un levier de fidélisation dans un contexte de tension sur les compétences industrielles.
Moderniser l’outil, renforcer l’image
À court terme, les priorités portent sur la consolidation de la reprise et la réorganisation interne. Mais à moyen terme, un enjeu d’envergure se dessine : la rénovation du site principal de LBCC, dont les locaux sont jugés vétustes, peu fonctionnels et peu performants sur le plan énergétique.
Un projet de transformation du bâtiment est à l’étude. Il pourrait se traduire par une rénovation lourde ou une extension, en lien avec la montée en puissance attendue des activités. « Il ne s’agit pas seulement d’adapter les murs à la production. Il faut aussi changer l’image que renvoie l’entreprise, attirer de nouveaux talents, donner envie de s’investir. »
Cette transformation physique sera conditionnée à la capacité du groupe à faire croître son chiffre d’affaires et à améliorer ses marges. Une équation exigeante, mais portée par une stratégie patiente et réaliste.
Une ambition mesurée, mais assumée
Contrairement à certaines logiques industrielles portées par la recherche d’effet de taille ou l’adossement à un grand groupe, la démarche ici reste à échelle humaine. L’objectif à cinq ou six ans est clair : atteindre les 100 salariés et franchir le cap des 10 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé. Un cap qui suppose de continuer à investir, moderniser l’outil, renforcer les compétences, et garder une longueur d’avance sur les attentes des clients.
Pas de course à l’hypercroissance, pas de projet de délocalisation, mais un modèle fondé sur la proximité, la robustesse industrielle et la stabilité des équipes. « Ce que je veux construire, c’est un groupe familial, dans lequel chacun trouve sa place, où les gens se connaissent et partagent un projet commun. »
La reprise de LBCC illustre une tendance discrète mais significative dans le tissu industriel français : celle d’entrepreneurs qui reprennent, développent et relient des PME existantes pour créer des ensembles cohérents, loin des logiques de fusion-acquisition brutales. Dans un contexte de recomposition du tissu industriel régional, l’initiative portée par Antoine Chantry pourrait bien servir d’exemple. Une manière concrète de répondre à l’un des grands défis du secteur : faire évoluer l’industrie sans trahir ce qui en fait la force : les hommes, les savoir-faire, et le territoire.